Eliane F.
by Florent
Française, Eliane F. est née à Nantes en 1951 et à 69 ans, elle vit aujourd’hui à Bouaye au premier étage d’un petit immeuble lumineux.
Eliane habitait au canal de La Martinière avec sept frères et sœurs, avec qui elle allait à pied à l’école. À près de sept kilomètres de la maison, elle marchait ainsi jusqu’au Pellerin deux fois par jour. Mais jamais seul, d’autre la rejoignaient au fur et à mesure du chemin. Une fois, ils avaient pu monter sur la carriole d’un monsieur, mais celui-ci, contrarié, les a fait descendre dès qu’il les eut vu. À l’âge de huit ans, lorsque ses parents se sont séparés, sa mère dut aller travailler. Eliane est alors envoyée à Troie, en pension chez les bonnes sœurs, où elle put poursuivre sa scolarité dans une école publique et où elle a notamment fait sa communion. Elle a beaucoup apprécié être chez les bonnes sœurs, avec qui elle a beaucoup voyagé : Italie, Belgique, Luxembourg et Suisse. Revenue sur sa terre natale à quatorze ans, elle poursuit l’école jusqu’à ses dix-sept ans à Frossay, où elle se rend à mobylette. À quelques kilomètres de chez elle, elle apprend alors en plus des cours, la couture, la cuisine et le repassage. « C’était pour continuer l’école, puisque à quatorze ans qu’est-ce que tu allais faire autrement ? » « Il fallait bien faire autre chose. » Ainsi, elle y confectionne notamment une robe pour sa petite cousine. Eliane a ensuite travaillé à partir de dix-neuf ans à la boyauderie, à la confection de cordes fabriquées avec des boyaux de bœuf pour les instruments de musique. Elle y a rencontré son mari, depuis décédé. Il y était chauffeur et ils se sont, en effet, rencontrés au café qu’ils avaient tous deux l’habitude de fréquenter durant la pause. Parfois, elle voyageait avec lui quand il l’emmenait dans son camion. Des voyages aussi, lorsqu’ils allaient régulièrement à La Flèche ou en Corrèze, une région qu’elle aime beaucoup. Ensemble, ils se sont donc mariés et ont eu quatre enfants.
Enfant, Eliane allait également souvent voir sa grand-mère avec ses sœurs, elle habitait à quelques rues de là et le samedi elles allaient lui faire ses courses au marché. Elle ne sait pas si sa retraite était difficile à son époque, car elle était trop jeune pour s’en rendre compte, mais « aujourd’hui, c’est difficile », « on se sert la ceinture ». Mais de toute façon, dit-elle, elle ne va jamais chez le médecin puisqu’elle « se sent pas mal, je suis bien ». Sa vie de retraitée est plutôt dynamique, elle va voir ses petits-enfants, car « ils sont là, c’est bien pour les voir ! ». Elle est d’ailleurs bien contente lorsqu’ils viennent aussi chez elle. Aussi, Eliane tricote et promène son chien, car « il faut bien le sortir la petite bête ». Plutôt à l’aise sur internet et les réseaux sociaux, elle joue sur l’ordinateur et la tablette et elle aide notamment une de ses sœurs lorsqu’elle en a besoin car, celle-ci n’y a pas accès et malgré sa grande forme, elle ne serait pas s’en servir. Alors guère de place pour l’ennui. Après un lever à l’aube, elle commence par promener son chien et croise systématiquement son fils qui part à moto au travail, son chien lui aboyant après. Puis après avoir elle-même petit-déjeuner, elle donne à manger à son chien et n’hésite pas à répondre au chant de son oiseau. Très mobile, elle va voir ses enfants et ses « frangines » régulièrement, sans compter ses cousines à Poitiers avec qui elle a gardé contact malgré certains décès et la distance. Il y a aussi ses copines de travail, malgré le fait qu’elle n’a pas réussi à reprendre contact avec l’une d’entre-elle. Par ailleurs, après la mort de son mari en 1993, Eliane avait aussi travaillé à la mairie de Bouaye, sa ville de résidence. Elle a commencé par faire le ménage, puis la vaisselle à la cantine, sans oublier la circulation qu’elle adorait faire ! En effet, elle appréciait beaucoup saluer les chauffeurs de bus et discuter avec les passants qui traversaient. Elle referait bien la circulation même si elle ne pense pas que la mairie voudrait la reprendre aujourd'hui et après réflexion, cela serait une contrainte horaire non-négligeable dans ses journées déjà bien rythmées.
Pour Eliane, le rôle des retraités est d’abord d’aider les enfants et les petits enfants, un rôle mais surtout une présence car il n’est pas là question d’éducation, il y a en effet des règles qui n’y a pas chez mamie ! À la jeune génération, elle leur dit de profiter de la jeunesse surtout, de bien travailler et de faire ce qui nous plaît !