Marie-Hélène L.
by Maryvonne F.
ENFANCE
"Mon Père était "marin du commerce" et ma mère au foyer. Il partait pour 9 mois jusqu'en Amérique du Sud et quand il cabotait en France, ma Mère emmenait l'un de nous le rejoindre par exemple à Bordeaux ou au Havre. Et nous naviguions avec l'équipage jusqu'à Dunkerque ou Hambourg. Pour de jeunes enfants, c'était une expérience extraordinaire Il est arrivé qu'à son retour à la maison, je n'aie plus reconnu mon père,et je disais : j'ai 2 Papas, l'autre, il est sur le bateau"...Quand c'était le tour de mon frère, j'allais chez les voisins fermiers et ça me permettait de connaitre la vie de la ferme, et je pouvais continuer à aller à l'école.
Mon père a été marié une première fois avec la soeur aînée de ma mère qui est décédée en juin 44 avec leur fils dans un bombardement du village dont les habitants avaient construit un abri dans le jardin. Il y a eu 13 morts dont 6 enfants et leurs mères. Et un seul enfant en est rescapé... Mon père s'est alors remarié avec une des jeunes soeurs de sa femme qui est donc ma mère . Ce drame était très présent dans la famille et le voisinage."
ETUDES ET VIE D'ADULTE
Habitant une petite commune, à 12 ans, je suis partie en pension à St Brieuc," chez les soeurs". Cela n'a pas été facile et après la 5ème, je suis allée chez une de mes tantes. Après le brevet, je voulais m'occuper d'enfants et je suis entrée à l'école des auxiliaires de puériculture de St Brieuc.
Le diplôme obtenu, j'ai travaillé 2 ans en région parisienne dans un service de chirurgie enfants et cela m'intéressait beaucoup. Puis je me suis mariée, ai eu un petit garçon et j'ai divorcé 3 ans plus tard et suis venue à Alençon où j'avais des cousins.
Après mon deuxième mariage, nous avons vécu au Maroc, puis nous sommes revenus dans la région parisienne d'abord , puis après la naissance de mon second fils , vers St Malo où je "me suis posée".
Professionnellement, cette installation n'a pas été facile car j'ai dû renoncer à la puériculture pour aller vers les personnes âgées. C'était le début des soins à domicile et j'ai participé à la création d'un service pour persnnes âgées à domicile à Dinard où nous étions 2 auxiliaires (il en a maintenant plus de cent) Nous avions affaire à des personnes relativement valides qui avaient besoin d'accompagnement, de surveillance de médicaments de soins d'hygiène.Nous avions le temps de discuter et nous étions disaient-elles"le rayon de soleil de leur journée." J'y suis restée jusqu'à ma retraite, mais c'est devenu très dur, les prises en charge ont changé: personnes invalides, ou atteintes de maladies dégénératives ...pas d'appareils de levage ni de matériel adapté. Mais les relations avec les patients étaient intéressantes. Je me suis beaucoup plue dans ce service
LIENS INTERGENERATIONNELS
J'ai bien connu mes grand parents maternels que nous allions voir presque tous les dimanches, car ma mère était souvent seule avec mon frère et moi. Puis, après le décès de mon grand père, ma grand'mère est restée veuve et a vécu seule pendant une dizaine d'années, elle venait aussi chez nous, a pied, nous soigner, elle était très active principalement dans son jardin. Puis l'âge venant, tout naturellement, elle est venue chez mes parents,: ils étaient en retraite et mes tantes travaillaient...Mon père a bien accepté de l'accueillir et cela a duré 10 ans.
LA RETRAITE
Mon mari plus âgé que moi a pris sa retraite à 66 ans et c'est à peu près à ce moment là que ma mère, veuve depuis quelques années, et qui souffrait de la maladie de Parkinson s'est cassé le col du fémur et elle est venue chez nous, mon frère étant indisponible. Cela a été difficile pour elle de se retrouver dans notre maison plus petite que la sienne. Elle ne se plaisait qu'à l'extérieur.
Suite à un acccident du travail en manipulant un malade, j'ai eu une grave tendinite qui a motivé un arrêt prolongé suivi de mon départ à la retraite .
Il était temps car les soins à ma mère, l'accueil des enfants et petits-enfants, les visites de la famille, c'était devenu très lourd.
Heureusement, mon mari acceptait cette situation et cela se passait bien.
LA RETRAITE, LA VIE ACTUELLE, ACTIVITES
On essaie de se maintenir au maximum sport, travaux manuels, broderie encadrement 2 fois par semaine . Je suis bénévole pour accompagner, chaque semaine, une Art thérapeute à l'hopital de Saint Malo au cas où un malaise se produirait. Mais ce sont aussi des échanges sur les difficulté de la maladie, l'expression d'une grande force et un bonheur de vivre de ces personnes qui font bloc face à la maladie . J'aime beaucoup.
Trois ou quatre fois par semaine, je marche avec mes voisines qui promènent leur chien, je vais au théatre, cinéma concert, une fois par mois et je lis .
Mon mari n'entend plus: le nerf auditif se paralyse progressivement depuis 35 ans, même avec les appareils, il n'entend plus que des bruits sans pouvoir les analyser...De ce fait, je suis toujours en éveil jour et nuit :téléphone, visites médicales, relations avec les entreprises, je dois l'assister et aussi pour les trajets hors de la commune. Ce n'est pas facile pour lui mais pour moi non plus. Heureusement que j'ai ces échappatoires. Je participe aussi à la distributions de légumes à L'AMAP, association de producteurs bio.
L'IDEE QUE JE ME FAISAIS DE LA RETRAITE
C'était prévu ...mais finalement, c'est presque mieux, on est libre et on vit au rythme que l'on veut.
Je regarde un peu la télévision, quand il y a un bon film, un émission intéressante sur la médecine , l'histoire, la politique de loin, mais pas les variétés.
Je suis aussi secrétaire de l'Association du village qui organise la fête de la St Jean (sans le feu qui est interdit),la galette des rois, le couscous et le nettoyage du lavoir, réalisé par les hommes qui refont le monde à cette occasion, les femmes viennent avec le cassse-croute.
Finalement, je me laisse vivre, en pensant à ce que j'ai envie de faire. On ne se projette plus de la même façon.
LES NOUVELLES TECHNOLOGIES
Mon mari est en permanence sur l'ordinateur , alors très peu pour moi, quand je peux accéder à l'engin... Il faudra pourtant que je m'y mette...
LA TRANSMISSION
Mes enfants sont maintenant nos presque voisins et les petits enfants viennent souvent,ma petite fille est très proche, très mature intéressée par toutes sortes de choses, même par la broderie, la peinture...
Accompagner les jeunes leur parler du bon côté de la vie, leur dire de faire ce qu'il ont en vie de faire et de le faire bien, au maximum, d'aller jusqu'au bout , de tenir , que tout n'arrive pas sur un plateau.
L'EUROPE
Je suis pour, complètement, rester solidaires et solides, tenir face à la Russie, à la Chine et aux Etats Unis.A plusieurs, on peut et l'Europe, c'est très important face au Monde.
Ma devise, vivre heureux avec le sourire!